C'est par les usines Brossette qu'on a commencé le Mercredi 16-5, Nuit 1, et le premier groupe qu'on y a vu, YACHT (qu'on ne connaissait d'ailleurs pas le moins du monde), nous a drôlement impressionné. Groupe new yorkais plutôt pop (ce qui n'est guère notre tasse de thé en principe…), électro-pop-rock si on veut, souvent simplissime, mais hyper bien foutu, accrocheur, malin, et avec une belle énergie, une grande élégance… Les deux du milieu (sur notre photo ci-dessous, mais ce sont aussi les deux de la photo du haut, cachés derrière ces triangles équilatéraux dont ils font grand usage…) en sont les "membres officiels". Lui c'est Jona Bechtolt, fondateur du groupe en 2002 à Portland, et elle Claire L. Evans, qu'il a rencontrée ensuite, à la voix aussi remarquable que sa présence scénique. Bref, on a été séduit, même s'il y a assez peu de chances qu'on se mette à écouter leurs albums à la maison, voilà un groupe qui nous a fait passer un super moment en live (et qui d'autre que Nuits Sonores pouvait nous l'amener, on vous le demande ?!).
|
Yacht on stage 1 |
Mais ça continue très fort sur cette même scène 1 de la nuit 1 avec !!! (Chk Chk Chk si vous préférez) et leur funk infernal, torride, implacable. Ca doit être pour ça qu'on n'a pas une seule photo un peu nette (il est vrai qu'on en a pris peu, sans doute absorbé dans la vibration…). Le chanteur Nic Offer ne ménage pas sa peine et se démène comme un beau diable, avec sa danse de l'ours vaguement grotesque mais qui convient fort bien à leur rythme effréné.
Le suivant sur cette scène sera James Murphy, pour son DJ set. Intéressant sans doute, mais désolé, un DJ set, pour nous "ça va cinq minutes", mais ça n'est toujours pas notre tasse de thé (et ça a peu de chance de le devenir : on vient d'une autre époque, d'une autre école, avec moins de machines…!). Ceci dit, on avait beaucoup aimé LCD Soundsystem (vu à Fourvière en 2005).
Sur la scène 3, on aperçoit un moment Chris & Cosey. Cosey Fanni Tutti dont le chant semble transporter une lourde tristesse, c'est du moins ce qu'on ressent… Plus tard, on y croisera le groupe de la claviste Raisa Khan, pas extrêmement convaincant à notre goût… ( voyez qu'on est vraiment pas "bon public", et c'est pas fini…!!).
|
L'entrée de l'Hôtel-Dieu (ex-hôpital) |
La suite de nos petites observations se passe aux "Days" de l'Hôtel-Dieu…
Pas dans la première cour qui était réservée à des DJ sets (on vous a déjà dit ce qu'on en pensait… Quoi que ModeSelektor le samedi soir, on a trouvé ça pas mal), mais dans la troisième, dite cour centrale, où était installée la scène 1. Et le Vendredi, ça s'appelait "The Freak Show". Voyons donc ces bizarros…
Le John Cage Project avec Etienne Jaumet, plus guitare, violoncelle et batterie, pour reprendre des œuvres (les plus rythmées sans doute) du fameux compositeur américain, c'était tout à fait intéressant, et pas ennuyeux comme on aurait pu le craindre…
Tout comme le duo qui suivait : le guitariste David Fenech avec le trompettiste Jac Berrocal… pour ne citer que leurs rôles principaux, car il peut aussi y avoir déclamations de textes et usage de toute sorte d'instruments bizarres… Jac utilise notamment un gros coquillage… On aime bien son son de trompette, très milesdavissien, mais dans la finesse, ce qui n'est pas le fait de tous les disciples de Miles… David et Jac invitent sur un ou deux titres celui qui va leur succéder, l'allemand Felix Kubin, qui vient jouer d'un petit boîtier électronique qu'on ballade près des corps… (merci de nous poster le nom du truc si vous le savez ! > du Korg Monotron on nous répond [merci!]).
Le set de Felix Kubin (avec ses machines, claviers, et sa voix…) nous convaincra moins par contre (oui, on est souvent à contre-courant de l'opinion générale…). Certes, le personnage ne manque pas d'humour, mais au bout d'un certain temps, ses musiques sonnent un peu flon-flon à nos oreilles… On est loin de Krafwerk.
Changement de registre ensuite avec le très attendu
Hunx and his Punx, sideproject du californien Hunx nous dit-on, à l'esthétique vamp et à l'emphase de folle dingue… "l'enfant caché des Ramones et de Michou" rajoute-t-on chez Têtu ! L'image est rigolote certes, mais leur rock'n'roll de lointaine inspiration 60s nous apparaît vite assez peu convaincant, comme un peu mou du genou, si vous voyez, ce qui est quand même un comble dans le genre… Du coup on abandonne… et on se retrouve le lendemain, même scène.
Suite le samedi 19-5 à l'Hôtel-Dieu donc, avec averses intermittentes…
Le rock de Jeffrey Lewis & The Junkyards nous apparaît sympathique certes, mais son côté gentiment folk ne retient pas trop notre attention. On aurait préféré voir Zëro mais il aurait fallu arriver plus tôt ! (dommage que les groupes lyonnais aient été systématiquement placés en début, ce qui a forcément diminué leur visibilité).
Bon, on attendait
Gallon Drunk et on n'a pas été déçu : Une vraie explosion de rock'n'roll ! James Johnston était "remonté comme un coucou" (l'expression vaut ce qu'elle vaut…). Autant il peut parfois être discret en accompagnateur, autant il assure le show avec son Gallon Drunk ! Il vaut mieux d'ailleurs parce que les autres ne bougent pas trop, notamment l'excellent saxophoniste/claviste à l'allure très posée, Terry Edwards. Un rock sauvage et félin ("swamp rock" si vous voulez) qui fera l'unanimité auprès de tous ceux qui se trouvaient là…
|
[NB: Sur SetlistFM, des vidéos de chaque titre en cliquant sur les petits triangles] |
Punk berlinois ensuite :
The Black Jaspers, avec ce King Khan qu'on a déjà pu voir dans d'innombrables groupes, et Jasper Hood qu'on a vu dans quelques autres. Punk ordinaire, mais suffisamment bien envoyé pour qu'on ne se lasse pas trop. Avec tous les poncifs du genre. Mais il valait mieux ne pas tenter le stage-diving vu que le public n'était pas trop dense devant la scène !
Ensuite place à
Rocket from the Tomb, un drôle de groupe puisqu'il a existé un an à Cleveland (Ohio) en 1974/75, et qu'il s'est reformé pour la première fois …en 2006 ! Il faut dire que le chanteur en était, et en est toujours, David Thomas, l'ineffable leader de Père Ubu. Qu'on avait pu revoir à Lyon en 2006 grâce à Nuits Sonores déjà… RFTT incluait d'autres membres "célèbres" comme Richard Lloyd ou Cheetah Chrome, mais ils ne sont plus dans cette dernière version du groupe… aujourd'hui remplacés par des guitaristes moins connus : Gary Siperko et Buddy Akita. N'empêche que tous ces anciens (seul le batteur est plus jeune) assurent drôlement ! David Thomas semble un peu moins colérique que quand on l'avait vu au Kao et d'ailleurs il boit aujourd'hui de l'eau, ce qui peut surprendre (en 2006, il avait sa flasque de whisky,mais il a dû se passer des choses depuis… d'ailleurs il est plus svelte). Du rock grand art qu'on apprécierait sans doute mieux en connaissant les morceaux… Mais même ainsi : chapeau messieurs !
On n'avait plus le courage d'attendre pour The Spits, "le groupe punk le plus crétin au monde"? (on avait déjà bien donné dans le genre avec The Black Jaspers !). Mais à en juger par l'extrait filmé pour "concert concert", ça devait pas mal envoyer…
|
Voilà, c'était l'Hôtel-Dieu illuminé de ses derniers feux… (avant transformation) |
Toutes les photos ©StevieDixon/Serge Dumonteil.
(sauf celle tout en haut !)
♼ PS : En 2012, c'était la dixième édition du festival Nuits sonores. C'est pour raconter cette aventure qu'Arty Farty édite un livre "Nuits sonores, 10 ans sans dormir", qui sera en vente sur www.nuits-sonores.com et les boutiques agnès b. à partir du 27 novembre 2012.